La seizième édition du Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI) s’est tenue du 6 au 10 décembre 2021 à Katowice, accueillie par le gouvernement polonais sous l’égide des Nations Unies. Évènement important de la gouvernance de l’internet, le FGI est une plate-forme mondiale qui facilite les échanges entre les parties prenantes sur les questions de politique publique relatives à Internet : gouvernements, organisations intergouvernementales, mais aussi entreprises privées, communauté technique, monde académique et société civile.
En janvier 2021, António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, énonçait dix priorités pour passer d’une « annus horribilis » à une « annus possibilitatis »[1]. La neuvième consacrait la priorité de tirer parti des possibilités offertes par les technologies numériques insistant sur le Plan d’action de coopération numérique et à sa mise en œuvre qui passe « notamment par le renforcement du Forum sur la gouvernance d’Internet », et affirmant enfin qu’ « un avenir numérique ouvert, libre et sûr [était] possible ».
Un format hybride réussi. C’est à Katowice, chef-lieu de Silésie, ville qui prospéra grâce à ses ressources minières, en particulier en charbon, et à son industrie de l’acier, que le Forum s’est déroulé au format hybride : au MCK, centre de conférence internationale, et en ligne. Une attention particulière a été portée à la qualité du format hybride proposé afin de permettre une véritable participation tant sur place en Pologne, qu’en se connectant à plusieurs milliers de kilomètres. Exercice réussi, j’étais présent sur place : la fluidité des échanges, des prises de parole entre intervenants, modérateurs et participants a permis des discussions fructueuses et fournies jusqu’à l’espace de discussion, le chat, traditionnellement très actif au FGI. Le village du FGI était également à la fois physique et virtuel, avec un stand FGI France où l’Afnic était présente.
De la langue à la diversité culturelle. Si l’interprétation dans les 6 langues officielles des Nations Unies était effective en plénière, elle gagnerait à être généralisée afin de permettre à chacun d’intervenir dans la langue souhaitée. Favoriser un multilinguisme est un facteur clef d’inclusion à l’aune de questions d’intérêt mondial sur l’évolution et la gouvernance d’Internet.
Encourager une participation accrue au Forum. Le Forum mondial s’est déroulé après d’intenses travaux préparatoires soutenus activement par la Pologne, représentée par Krzysztof Szubert, le Multistakeholder Advisory Group (UN IGF MAG) et sa présidente, Anriette Esterhuysen. Ils avaient abouti à une phase d’engagement initiée le 31 août, avec l’objectif d’inciter à une participation accrue aux discussions du FGI et d’identifier des synergies afin de faciliter la coopération entre les parties prenantes. De telles synergies tendent à se développer tant au niveau thématique avec le développement des forums de bonnes pratiques qu’avec les FGI nationaux et régionaux tel le FGI France dont la session plénière 2021 venait de se tenir le 25 novembre.
« Favoriser un multilinguisme est un facteur clef d’inclusion à l’aune de questions d’intérêt mondial sur l’évolution et la gouvernance d’Internet »
Après Paris en 2018, Berlin en 2019 et un FGI monde intégralement en ligne en 2020 au cœur de la pandémie de Covid-19, cette édition 2021 a rassemblé quelques 2700 participants sur place, plus de 10 000 en tout représentant 175 pays. Sous le thème général « Internet uni », ce sont toutes les questions aujourd’hui centrales à l’évolution d’internet qui ont été abordées, de l’inclusion à la confiance dans le cyberespace. 6 thématiques clefs :
- Inclusion économique et sociale et droits humains,
- Accès universel et connectivité significative,
- Réglementation émergente : structure du marché, contenu, données et droits et protection des consommateurs
- Durabilité environnementale et changement climatique
- Écosystèmes de gouvernance de l’Internet inclusifs et coopération numérique
- Confiance, Sécurité, Stabilité
A l’heure on l’on parle dans l’Union européenne de décennie numérique avec la volonté de poser un cadre de droits et principes numériques, la tenue de ce Forum sur la gouvernance de l’Internet montre la vitalité du modèle multi parties prenantes pour aborder des questions globales sur les politiques publiques d’internet. S’il doit évoluer, c’est pour favoriser des résultats concrets à l’aune de l’agenda 2030 et des 17 objectifs de développement durable, pour le développement d’un multilinguisme qui est au cœur de la société internationale et bien sûr vers le renforcement des interactions avec les FGI nationaux, pierres essentielles du modèle.
[1] Discours du Secrétaire général de l’ONU prononcé lors de l’examen par l’Assemblée générale du rapport sur l’activité de l’Organisation, 28 janvier 2021.