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Non à l'abandon des noms de domaine !

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Le 13/07/2023

Chaque minute, un nom de domaine en .fr est abandonné

L’été est arrivé ! Une période de l’année où chacun va prendre du temps pour soi et déconnecter autant que possible. Je tenais à profiter de cette période pour sensibiliser tous les bureaux d’enregistrement à une cause qui m’est chère et qui anime mon quotidien à l’Afnic : La lutte contre l’abandon des noms de domaine par leurs titulaires.

Chaque année, plus de 500 000 noms de domaine en .fr sont tristement abandonnés (lire « supprimés ») par leurs titulaires. Bien entendu, cela reste inférieur aux presque 800 000 adoptions (comprenez « créations de noms de domaine en .fr ») annuelles. Ces abandons restent quand même un déchirement pour moi et j’imagine que c’est de même pour bon nombre de titulaires.

Si on analyse les abandons, on trouve :

  • Les abandons volontaires : « Je ne souhaite pas renouveler mon nom de domaine »
  • Les abandons involontaires : « zut, j’ai oublié de renouveler mon nom de domaine » ou « la personne qui doit s’en charger ne l’a pas fait » ou « je n’étais pas éligible à l’enregistrement d’un nom de domaine en .fr et j’ai été pris par la patrouille »

Commençons par ces derniers. Tous ces abandons involontaires « peuvent avoir de bien tragiques conséquences. Tous les acteurs Titulaires, Bureaux d’enregistrement et registres sont concernés. Si le nom de domaine était utilisé et que malgré tout, il est supprimé ; le titulaire s’expose à ce qu’un tiers (sur la base du 1er arrivé, 1er servi) enregistre le nom de domaine désormais libéré et l’utilise. D’un point de vue cybersécurité, le risque n’est pas négligeable. Le nouveau titulaire peut recréer les anciennes adresses email et tenter ainsi d’accéder aux anciens comptes en ligne du précédent titulaire. Il peut aussi dévorer tout le travail de référencement du site web précédent (Les experts en référencement naturel sont de gros consommateurs de noms de domaine expirés). Enfin, il peut profiter tout simplement du capital marque du nom de domaine. Le nom de domaine abandonné donnera tout son pouvoir et son « amour » à son nouveau titulaire.

Oui, abandonner son nom de domaine par oubli est une erreur (fatale parfois).

Généralement, les noms de domaine (lâchement) abandonnés de façon volontaire n’avaient pas de valeur aux yeux de leurs chers titulaires et ce malgré tous les avantages qu’ils leurs conféraient : image, redirection, e-mails professionnels… Dans ce cas, l’échec est multiple. Le titulaire peut simplement avoir enregistré le nom de domaine, mais ne pas avoir lancé son projet ou créé son entreprise. L’entreprise peut avoir fermé. Le titulaire n’a juste pas utilisé le nom de domaine parce que « c’est trop compliqué de faire un site web » ou alors, il affirme « mon site ne me rapporte rien alors, je ne m’en occupe pas ». Ces abandons sont terribles pour tous : le bureau d’enregistrement qui perd un client et le titulaire, pas convaincu par le produit « nom de domaine ».

En aidant les entreprises à bien utiliser les produits numériques, nous pouvons les aider à améliorer leur gestion ou leur prospection et donc, nous pouvons leur offrir de meilleures perspectives économiques.

Mes propositions pour éradiquer les abandons de nom de domaine par les titulaires :

1 - L’usage, l’usage, l’usage

« Pas d’usage, pas de renouvellement » : C’est mon credo à l’Afnic. Si un client paie un produit, c’est pour la valeur ajoutée que ce dernier lui apporte. Si le nom de domaine (souvent vendu seul) n’est pas rattaché à une adresse email ou un site web, alors, la probabilité qu’il soit supprimé est largement plus élevée. Soyons honnêtes : en quelques clics, je crée un email avec gmail ou avec mon FAI. Après 9 ans à l’Afnic (et la même durée chez un opérateur télécom), il m’a fallu 30 minutes pour créer un nom de domaine chez une bureau d’enregistrement puis créer une adresse e-mail personnalisée puis la paramétrer sur le smartphone d’un ami artisan. Nous devons TOUT faire ou tenter pour rendre plus accessible l’usage des noms de domaine auprès des titulaires. Quand j’interviens dans des conférences pour parler de nom de domaine, le titre de mes ateliers est souvent « comment choisir l’adresse de son site internet ? ». L’objectif cible est que l’artisan fleuriste à Besançon soit capable, en toute autonomie, d’enregistrer son nom de domaine, se faire une redirection (pour commencer) puis se créer un e-mail qu’il paramétrera sur son mobile. Ce faisant, il aura une carte de visite vraiment professionnelle et pourra imprimer les stickers pour sa vitrine ou sa camionnette. Il sera fier de son e-mail et gardera son nom de domaine pour toute la vie de son entreprise !

Et si on réalisait ensemble des tutos vidéos simples et courts pour aider les néo-titulaires à faire ces étapes de base ?

Étant donné les coûts d’acquisition de nouveaux clients (publicité, affiliation, SEO, SEA…), nous devons miser tous ensemble sur le renouvellement des noms de domaine. L’usage est le renouvellement des 4 prochaines années.

2 - Lutter contre l’oubli

Il arrive parfois que des titulaires oublient de renouveler.

Voici les conseils à répéter aux titulaires :

  • « Enregistrez vos noms de domaine pour des durées longues (jusqu’à 10 ans pour le .fr !)
  • Assurez-vous que vos coordonnées et votre email soient corrects. Au-delà du risque de perdre votre nom de domaine pour coordonnées fantaisistes et donc non éligibles potentiellement, c’est surtout que votre bureau d’enregistrement ne pourra pas vous alerter de l’expiration prochaine de vos noms de domaine.
  • Communiquez un email générique à votre bureau d’enregistrement. Ce sera un email auquel vous aurez toujours accès ou une personne de confiance, en cas de force majeure.
  • Activez le renouvellement automatique : C’est la meilleure protection contre l’oubli. Tant que la carte bancaire enregistrée est valide, le bureau d’enregistrement renouvelle le nom chaque année.
  • Pour terminer, le meilleur des conseils : Enregistrez toujours le nom de domaine vous-même, au nom de votre entreprise (dont vous êtes le propriétaire) ou bien à votre nom personnel si le nom de domaine est pour un usage perso. Votre nom de domaine est un actif immatériel ; ce n’est pas un piège pour vous obliger de rester chez une entreprise tierce. »

3 - La formation et surtout le coaching !

Le besoin de nos artisans/commerçants est très majoritairement « je veux un site internet ». Dans la plupart des cas, ils ont un compte Instagram, une page Facebook et une boite chez gmail. Leur proposer de faire eux-mêmes un site WordPress avec un module d’installation en 1 clic sur une offre d’hébergement mutualisé, avec options anycast et signature DNSSEC revient à confier une voiture à une personne qui n’a pas le permis et qui n’a jamais vu une voiture circuler de sa vie. Entre les mentions légales, le choix du thème, la mise en place d’un module de paiement, de modes de livraison des produits, la gestion des avis, le référencement naturel et la peur de tout planter, on comprend pourquoi la formation et en particulier le coaching des TPE sont fondamentaux pour les aider à utiliser pleinement nos outils.

Un bureau d’enregistrement connaît des volumes impressionnants de créations de noms de domaine depuis un an. Je sais que derrière la plupart des noms de domaine tout nouvellement enregistrés, il y a des clients qui ont acheté leur nom pendant un visionnage d’un tutoriel sur Youtube. (« Créer son site WordPress en 2023 », « faire tout seul son site en une heure »). J’ai rencontré ces clients, fiers d’avoir « tout fait tout seul, avec les tutos ». Ils ont tout compris.

Comment pouvons-nous aider les titulaires à conserver leurs noms de domaine ?

Voici quelques idées :

  • Créons ensemble des opérations commerciales qui font seulement la promotion de l’usage. Par exemple : « 1 mois d’hébergement offert pour toute souscription d’un hébergement avec un nom de domaine en .fr ». Il y a neuf ans, dans mon article, « ne vendez plus de nom de domaine ! », je vous invitais à tout faire pour inciter à l’usage. Je tiens le même discours aujourd’hui. Si le nom de domaine est un produit d’appel pour vendre d’autres services, force est de constater que l’utilité du domaine seul est très limitée et que les promotions du type « votre domaine gratuit* ou à 1€ » n’ont jamais fait exploser les créations du .fr, même à renfort de campagnes TV, radio, presse et affichage. Vendons des sites web, de la vente en ligne accessible à tous, de la visibilité en ligne et arrêtons enfin de distribuer des noms de domaine en .fr à 1€ tout en reversant 10€ à chaque clic sur une pub d’un moteur de recherche.
  • Prenons ensemble les clients par la main. Un bon tutoriel « Comment créer votre email et le paramétrer sur votre iPhone ou Androïd » envoyé dans votre séquence email de bienvenue est un bon moyen d’aider mon fleuriste de Besançon.
  • Changeons de moyen de communication. Nous sommes dans une industrie de geeks (je m’inclus dedans) et nous aimons beaucoup les emails envoyés par des automates. J’ai vu des bureaux d’enregistrement doper leur taux de renouvellement en envoyant un SMS aux clients à J-7. En tant que testeur presqu’anonyme de vos services, j’ai déjà été également appelé par certains de vos services « Monsieur Vigreux, ça fait un mois que vous avez enregistré votre nom de domaine et vous ne l’utilisez toujours pas. Avez-vous besoin d’aide ? » 12 mois après l’enregistrement, il est déjà trop tard. C’est au moment de l’adoption que le neo-titulaire est motivé ou a une idée de projet en tête.
  • Formons les neo-titulaires ! Nous pouvons créer des sessions de coaching 100% dédiées à vos clients. Nous l’avons déjà expérimenté avec certains d’entre vous. Non seulement la satisfaction est au top, mais en plus, cela aide les clients à utiliser vos produits (et souvent même à en utiliser d’autres).

Bien évidemment, l’Afnic, en tant que registre des noms de domaine en .fr, a tout son rôle à jouer dans cette lutte contre l’abandon des noms de domaine. Elle s’y emploie chaque année un peu plus avec www.réussir-en.fr, les Foliweb et l’émission TV « Connecte ta boîte ».

En parallèle, l’Afnic a accéléré sa présence sur le terrain (Salons SME et GO Entrepreneurs, webinars, les Foliweb, ateliers avec les CCI, les CMA, les incubateurs, les associations d’entrepreneurs…) pour sensibiliser, former, coacher les créateurs d’entreprises et depuis peu, les jeunes. Si vous voulez coacher avec ou sans moi, en ligne ou en atelier, appelez-moi !

Les abandons des noms de domaine, c’est tous les jours et toute l’année. C’est un indicateur de la santé économique de nos entreprises. Si nous les réduisons, cela voudra dire que nous aurons réussi notre mission de passer au numérique les entreprises françaises.

C’est sans aucun doute bien moins grave que l’abandon de nos animaux de compagnie, mais si l’abandon des noms de domaine est sensible à vos yeux, rejoignez l’association Afnic. Chacun peut adhérer, donner son avis, contribuer à nos discussions, nous aider à viser l’excellence tout en rejoignant un univers de passionnés.