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ICANN Singapour. Un débat au bout du monde

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Le 30/01/2015

 

Logo ICANN Singapour

Du 9 au 12 février prochain aura lieu la cinquante-deuxième rencontre de l’ICANN à Singapour.

L’agenda de cette rencontre est chargé, comme à l’habitude, et les questions de gouvernance de l’Internet vont être au cœur des débats, avec un point d’étape important sur l’élaboration d’une proposition de transition de la supervision de fonction IANA par le gouvernement américain, ainsi que sur la réforme de l’ICANN et le renforcement des mécanismes permettant d’encadrer les décisions prises par son conseil d’administration.

Bien entendu, les questions opérationnelles relatives aux nouveaux noms de domaines génériques seront à l’ordre du jour, tout comme les discussions au sein des gestionnaires de registres de noms de domaines nationaux se poursuivront sur l’interprétation des règles de délégation et de redélégation des extensions nationales aux opérateurs (comme par exemple l’Afnic est l’opérateur du .fr, désigné, non pas par l’ICANN, mais par le Gouvernement français).

Une réunion ICANN somme toute très riche en perspective, mais qui souffre d’un gros défaut, qui justifie pour l’Afnic de réduire sa délégation et d’annuler sa traditionnelle « French Night », moment privilégié de réunion de tous les francophones et francophiles de l’ICANN.

Pourquoi cette décision, alors même que l’Afnic est plus impliquée que jamais dans les discussions sur la gouvernance de l’Internet, avec Mathieu Weill, notre directeur général, comme co-président du groupe de travail sur la réforme de l’ICANN ?

Précisément parce que ces discussions, qui doivent être ouvertes, et permettre la participation du plus grand nombre d’acteurs, y compris ceux qui ne sont pas des habitués de l’ICANN, vont être appauvries par l’absence d’un grand nombre de participants africains et européens, en raison de la localisation de la réunion à Singapour.

En effet, cette réunion de l’ICANN devait initialement se dérouler à Marrakech, dans le but, après les dernières réunions de Singapour (déjà), Londres puis Los Angeles, de permettre une plus grande participation africaine, et d’avoir une approche équitable vis-à-vis de l’ensemble des régions du monde. Or, le Conseil d’administration de l’ICANN, non seulement a décidé d’annuler la rencontre au Maroc pour des questions de sécurité et des questions sanitaires qui restent discutables (si l’on cesse de traverser la Méditerranée pour cause d’Ébola ou de menaces terroristes, autant dire tout de suite que l’Afrique est exclue des débats internationaux), mais la solution alternative la plus pratique que l’ICANN a trouvé a été d’aller à Singapour, à l’autre bout du monde, renchérissant de fait la participation de ceux qui auraient pu, pour une fois, participer.

Si l’ICANN veut s’inspirer du Paris-Dakar, et prétendre que l’Afrique se situe quelque part entre Singapour et Buenos Aires, qui sera le lieu de sa prochaine rencontre, comme d’autres prétendent que la capitale sénégalaise est désormais entre le Chili et l’Argentine, elle peut continuer comme cela.

Pour notre part, et sans le moins du monde nous désintéresser des discussions importantes qui auront lieu à Singapour, auxquelles participera une délégation de trois afniciens, nous avons donc décidé de marquer le coup, et d’économiser les frais de voyage de deux collaborateurs, ainsi que les frais d’organisation de la French Night, afin de les réinvestir dans l’organisation du débat, en France, sur la transition IANA et la réforme de l’ICANN.

C’est d’ailleurs pourquoi nous organiserons, à l’occasion de notre prochain comité de concertation Afnic réservé à nos adhérents, une session ouverte plus largement sur ces questions, le 12 mars prochain.