Le 6 novembre 2014, l’Afnic a organisé une table-ronde sur le thème « Solidarités Numériques ».
Trop souvent, lorsque l’on parle numérique, il s’agit de smartphones, de tablettes, de réseaux sociaux, de divertissements.
Parfois, on parle aussi de gouvernance, de sécurité, de croissance, de transformation, de neutralité, de big ou d’Open Data, de réseaux et de startups. Et il le faut.
Mais pour beaucoup d’entre nous, ces sujets restent lointains.
Nous sommes en 2014 et la fracture numérique est toujours une réalité. Pour lutter contre, la solidarité est l’une des armes les plus efficaces.
Comme nous l’avons vu lors de cette table-ronde, cette fracture est plurielle ce qui complique les actions. La pauvreté, la vieillesse, le handicap sont autant de cas particuliers auxquels font face les armées de la solidarité numérique.
Ces armées, ce sont des associations, c’est-à-dire des femmes et des hommes qui se sont engagés dans la lutte contre ce fléau. L’étendue de leur mission témoigne d’un engagement et d’une détermination hors du commun.
Cette injustice est d’autant plus grande que l’accès au numérique est mondialement reconnu comme un droit universel. Rappelons-nous qu’en France, la coupure Internet que brandissait l’Hadopi il y a quelques années a été supprimée, car contraire aux droits fondamentaux auxquels tout citoyen peut aspirer. Mais, apparemment, beaucoup sont privés de ce droit sans même avoir téléchargé le moindre fichier illicite.
Et pourtant, il y a urgence. La maîtrise des technologies est devenue un levier d’insertion économique et sociale qui permet de sortir de cette exclusion.
Avec le numérique, on trouve une formation, un stage, un emploi et on crée une entreprise en quelques clics.
La France numérique est en marche, mais sans une adresse mail, il devient difficile de contacter les services administratifs et de s’informer sur ses droits. Demain, ce sera impossible.
La tâche est d’autant plus sensible, car plus le temps passe, plus les révolutions technologiques se succèdent. En dix ans, nous sommes passés du PC aux smartphones et à la tablette. Désormais, les objets connectés et les robots ne sont plus du domaine de la science-fiction.
Certains pensent encore que la fracture numérique n’est plus un débat. Qu’elle ne concerne que trop peu de gens pour y consacrer des efforts. C’est faux. Nos intervenants nous l’ont prouvé.
De gauche à droite :
Audrey-Jane Baldy (Emmaus Connect), Benoît Genuini (Passerelles Numériques), Jean Pouly (econum.fr) et Dominique Burger (Braillenet)
Table-ronde Afnic « Solidarités numériques » le 6 novembre 2014.
Je vais vous les présenter :
- Audrey Jane-Baldi nous a présenté Emmaüs Connect qui est la version 2.0 des chiffonniers d’Emmaüs fondée par l’Abbé Pierre en 1959.
Elle lutte contre l’exclusion sociale causée par l’illettrisme numérique avec le programme Connexions Solidaires qui vise à faciliter l’accès aux télécommunications pour les populations les plus fragiles.
- Avec Dominique Burger nous avons découvert les difficultés économiques, sociales et technologiques que vivent les malvoyants. Vous devez savoir que trop peu de sites ou de services en ligne offrent une version accessible aux mal voyants.
Pour améliorer cette situation, Braillenet travaille sur des standards d’accessibilité qui facilitent la conception de pages Web accessibles.
Elle est à l’origine du label AccessiWeb qui garantit l’accessibilité d’un site. Elle a aussi participé à la création de la marque de qualité européenne Euracert qui travaille à l’harmonisation européenne des pratiques.
- Benoît Genuini s’est lancé dans l’humanitaire numérique après une carrière de dirigeant dans de grandes entreprises des high-tech. Il nous a présenté Passerelles numériques, un projet qui aide les jeunes les plus démunis au Cambodge, au Viet Nam et aux Philippines à sortir de la pauvreté grâce au numérique.
Une formation de deux ans a été créée et, depuis 2005, Plus d’un millier de jeunes ont été formés. Ils ont ainsi pu poursuivre des études ou trouver un emploi.
- Enfin, notre grand témoin a été Jean Pouly un acteur et un témoin des fractures technologiques depuis près d’une vingtaine d’années.
Il s’est investi dans des associations ou des ONG pour lutter contre ce qu’il nomme un illettrisme.
Au cours de sa carrière, il a dirigé l’agence mondiale de solidarité numérique, le programme lyonnais pour la société de l’information au grand Lyon et l’ONG Initial.